La nouvelle émotion de 2021
Au début de la pandémie, Scott Berinato a publié un article qui a beaucoup fait jaser dans le Harvard Business Review, où il qualifiait le sentiment collectif éprouvé face à la pandémie mondiale, comme n'étant nul autre qu’un deuil. Collectivement, on faisait le deuil de notre vie normale, le deuil de la normalité. Ce fut une révélation pour moi qui avait beaucoup de mal à digérer les émotions contradictoires qui m’habitaient. (À lire en passant!)
Cette semaine, presque un an plus tard, j'ai appris un nouveau mot qui, une fois de plus, m'a permis de mettre le doigt sur le sentiment qui m'habite et qui habite un grand nombre d'entre nous qui naviguons cette crise mondiale remplie d'incertitudes et de doutes.
Je fais référence à l’article de Adam Grant, psychologue organisationnel et auteur américain passionnant (allez le suivre sur Instagram) et collaborateur occasionnel pour le New York Times.
Le languishing ou languissement, langueur (traduction approximative)
Définition: Le sentiment d'être constamment en manque de vitalité, de découragement et se sentir dans le brouillard.
L'article, paru lundi dernier, fait état d'un sentiment généralisé qu'il caractérise de "blah"! Un sentiment ni positif, ni négatif, à mi-chemin entre la dépression et l’épanouissement. L'enfant oublié des discussions sur la santé mentale, parce que c'est difficile à diagnostiquer et il ne nous empêche pas nécessairement de vivre notre vie. On est fonctionnel! Super, pas besoin de s'en soucier, continuons à travailler et à être productifs pour répondre à la pression constante imposée par notre société. 🙄
Parce que oui, c'est bien beau d'avancer et de faire ses journées, mais avancer comme une gang de zombies en manque de vitamine C, finira bientôt par nous rattraper.
Un nouveau mot à mettre dans notre arsenal quand un proche ou un collègue nous pose la question fatidique : « Heille! Comment ça va? » Réponse : « Honnêtement, je suis dans le brouillard! » (I’m languishing!)
Je parle en mon nom de trentenaire habitant seule, sans animaux (snif), en santé, avec un emploi stable que j'aime et un bon support system. Je ne suis pas dans une situation précaire, et oui, ça pourrait être bien pire. Par contre, la fatigue mentale se fait sentir (et en écrivant ces mots, j'ai une pensée toute spéciale pour mes proches dans le système de santé et d'éducation) et elle peut avoir de réels effets sur notre productivité et sur notre regard sur la vie.
Trucs et conseils
La fin de l’article d'Adam Grant propose plusieurs remèdes ou antidotes si simples que je vais m’empresser à les mettre en pratique dès aujourd’hui (parole d'ex Janette!). Parce que comme tout humain normal, je cherche des trucs ou des mécanismes d'adaptation pour me sortir la tête de l'eau. Des mécanismes qui ne sont pas toujours top pour la santé. Parlons-en d'ailleurs, un bon exemple, surtout pour moi qui travaille dans l'univers du vin : l’alcool! Génial comme petit remontant, qui peut être dommageable à long terme sur le moral et notre petit foie chéri. Privilégions la qualité versus la quantité et optons plutôt pour les moments à célébrer! Ouvrons une bonne bouteille qui nous fait plaisir, de temps en temps, idéalement en bonne compagnie.
Adam nous recommande donc 3 techniques : le flow, les périodes de non-interruption et les petites victoires quotidiennes.
Le flow fait référence à cet état d'absorption total qui nous permet de décrocher complètement et de se perdre dans une tâche ou une activité qui nous fait du bien. Que ce soit un passion project relié au travail, binge watcher une série qui nous captive sur Netflix ou classer 10 fois son tiroir à ustensiles, le flow est une technique non seulement efficace, mais qui permettrait à ceux qui la pratiquent d'éviter de sombrer dans l’univers brumeux évoqué ci-haut et de conserver un certain optimisme face à ce qu'on vit.
Les périodes de non-interruption, c'est simple, ce sont des périodes où on se met non dispo! Non disponible pour les collègues, les amis, les notifications d’Instagram, etc. pour se concentrer sur ce qu'on a à faire. Parce qu'un des facteurs contribuant à nous garder dans le brouillard est cette impression de faire du sur-place. En empêchant les distractions pendant des périodes de temps déterminées, on se donne la chance d'avancer, de progresser et ultimement d'être fier de nos accomplissements. Simple non? Allez, on met ça dans nos iCal!
Et finalement, probablement la recommandation la plus probante pour moi : célébrer les petites victoires quotidiennes. Parce qu'on ne se mentira pas, ce n'est pas cet été qu'on aura la chance de se faire bronzer dans le Sud ou, pour ma part, de visiter des vignobles dans le Sud de l'Italie! 💔 Il faut donc ralentir, respirer par le nez et trouver de la joie dans les petits win de la vie de tous les jours. Que ce soit gagner une partie de Scrabble, avoir une conversation significative avec un proche ou manger des chips au ketchup (je sais, je suis la seule qui aime ça), ça vous appartient! L'important, c'est de tenter de retrouver un peu de notre énergie et enthousiasme qui nous manquent cruellement depuis les derniers mois.
Pour reprendre ses mots : « Pas en dépression » ne signifie pas que tout est rose. « Pas épuisé » ne signifie pas que vous débordez d'énergie. En reconnaissant qu’un si grand nombre d'entre nous vit dans le brouillard, nous pouvons commencer à donner la parole à ce nouveau sentiment et à trouver une voie hors de l'ombre.
Faites attention à vous,
Maude xx
LIRE L'ARTICLE INTÉGRAL SUR LE SITE DU NY TIMES
Manshen Lo